L’IRSEM a ouvert son cycle de conférences pour l’année 2023-2024 le 7 septembre avec une conférence intitulée « NATO-AP4-Korea relations in flux » organisée par le Dr. Wooyeal PAIK, modérée et discutée par Marjorie VANBAELINGHEM, directrice de l’Institut et Céline PAJON, chercheuse à l’IFRI, respectivement.

Wooyeal PAIK est chercheur invité à l’IRSEM et professeur associé au Département de sciences politiques et d’études internationales, directeur adjoint du Yonsei Institute of North Korea Studies et directeur du Center for International Relations, Aerospace Strategy & Technology Institute à l’université de Yonsei à Seoul.

Ses recherches portent actuellement sur les interactions entre la politique intérieure et les relations internationales, ainsi que sur les liens entre l’Asie et la zone euro-atlantique. 

Alors que nous assistons à une convergence entre les acteurs de sécurité des zones indopacifique et euro-atlantiques, le Dr PAIK a étudié le resserrement des relations et des intérêts mutuels de l'OTAN et de l’AP4. Il a ainsi montré que ces liens se renforcent et font transparaître une convergence des enjeux de sécurité militaire, économique et technologique. Il décrit l’expansion de la Chine dans l’Indopacifique comme un « point de départ » amenant les pays asiatiques à approfondir leurs relations avec les États-membres de l’OTAN, perçus comme des partenaires fiables.

Le déclenchement de la guerre en Ukraine est également un tournant car il a été propice à l’approfondissement des relations entre certains États asiatiques et l’Europe : c’est le cas de la Corée du Sud par exemple, qui est devenue l’un des premiers fournisseurs d’armes de haute technologie de la Pologne, et de l’Australie, qui a été particulièrement active dans son soutien à l’Ukraine par l’envoi d’armes et de matériel.

À rebours d’une vision dépassée qui étudie le monde comme allant « de l’ouest vers l’est », le Dr. PAIK montre que les liens entre les deux régions s’opèrent dans les deux sens, et que chaque région influence l’autre autant qu'elle est influencée par elle.

L’exemple des relations entre la Corée du Sud et l’OTAN est très intéressant : si la Corée est un partenaire économique de longue date de l’Europe, elle cherche aujourd’hui à étendre ses champs de collaboration, notamment aux sphères technologiques et militaires. Elle a en outre ratifié le ITPP (Individual Tailored Partnership Program) au sommet de Vilnius, qui va dans ce sens. De plus, s’il est vrai que l’OTAN cherche à approfondir ses relations avec ses partenaires asiatiques, il en va de même du côté coréen, pour qui ces partenariats sont essentiels, autant en matière de sécurité que d’ambitions internationales. Son rapprochement avec la Pologne va dans ce sens. 

Le Dr. PAIK montre que les régions indopacifique et euro-atlantique sont de plus en plus interconnectées. Actuellement, les deux régions observent d’un œil attentif l’évolution de la relation entre la Russie et la Corée du Nord, symbole de l’imbrication croissante de ces deux régions. Ce constat soulève aussi la question de l’autonomie stratégique européenne et du positionnement européen par rapport aux priorités et à l’évolution de l’OTAN. Céline PAJON, chercheuse à l’IFRI, commentait la présentation du Dr. PAIK et a clairement exposé ce qu’était et n’était pas la coopération entre l’OTAN et l’AP4. Elle a également rappelé que d’importants désaccords subsistent au sein de l’alliance vis-à-vis de la montée en puissance de la Chine. Prenant pour exemple la position française, elle a expliqué l’opposition d'Emmanuel Macron à l’ouverture d’un bureau de liaison de l’OTAN à Tokyo.

Wooyeal PAIK a pu répondre aux questions des participants en ligne et en présentiel. Elles ont engendré une discussion portant à la fois sur des concepts théoriques (security dilemma, power struggle…) et sur des enjeux contemporains, comme la position de la France, la politique intérieure de la Pologne, Taiwan, la coopération chinoise avec le « Sud global », et les relations bilatérales entre le Japon et la Corée du Sud. 

Retrouvez l'intégralité de la conférence ici