Vers un pilier européen stratégique ? Réalignements, vulnérabilités et résistances de l’OTAN.
Mercredi 02 juillet 2025

Vers un pilier européen stratégique ? Réalignements, vulnérabilités et résistances de l’OTAN.
Conférence 2 juillet Amphithéâtre Des Vallières 10h-12h
Alors que le sommet de l’OTAN des 24-25 juin 2025 s’annonce comme un moment charnière pour l’architecture sécuritaire euro-atlantique, les attentes se cristallisent autour de deux dynamiques majeures : le retour de Donald Trump à la Maison Blanche (Trump 2.0) et l’affirmation d’un pilier européen plus autonome au sein de l’Alliance. Ce contexte interroge la capacité de l’OTAN à maintenir sa cohésion stratégique tout en accommodant la montée en puissance de l’Union européenne en tant qu’acteur de sécurité. Cette conférence propose des réflexions croisées prospectives nourries par les travaux de trois chercheuses majeures — Heidi Hardt, Stefanie von Hlatky et Amélie Zima — pour éclairer les lignes de fracture et les points de convergence dans ce nouvel ordre transatlantique émergent.
Les documents préparatoires au sommet révèlent trois lignes de tension majeures :
L’injonction à porter les dépenses de défense à 5 % du PIB (proposition appuyée par Trump et Rutte), ce qui créerait une fracture entre les États membres, certains n’ayant pas atteint les 2 % fixés en 2023.
L’anxiété face à une stratégie américaine de désengagement progressif du théâtre euro-atlantique, au profit de l’Indo-Pacifique, renforçant la nécessité pour l’Europe de devenir un acteur de sécurité crédible.
La pression bilatérale croissante exercée par Washington sur les États membres, minant les mécanismes multilatéraux de décision et rendant plus urgente la construction d’un pilier européen de l’OTAN.
Dans cette perspective, les travaux récents confirment que l’émergence d’un pilier européen autonome n’est plus seulement un objectif politique souhaitable, mais une nécessité stratégique pour maintenir la crédibilité de l’Alliance. Les débats autour de la nature de ce pilier – intergouvernemental, sous parapluie OTAN, ou arrimé à l’UE – restent ouverts, et ce sommet pourrait en constituer l’acte inaugural ou l’échec retentissant.
Ce panel de chercheuses propose donc une grille de lecture triplement critique : institutionnelle (Hardt), stratégique (von Hlatky) et discursive (Zima), pour appréhender les tensions internes de l’OTAN à l’ère Trump 2.0. Alors que les déclarations du président américain laissent présager une phase de confrontation symbolique et stratégique avec les Européens, l’opportunité de structurer un véritable leadership européen dans l’Alliance ne dépendra plus uniquement de l’Amérique, mais d’une volonté partagée sur le Vieux Continent de redéfinir les termes du contrat transatlantique.
Cette table ronde sera présidée et modérée par Maud Quessard, directrice du domaine Europe Espace Transatlantique Russie.
Stéfanie von Hlatky (Queen’s University, Canada) :
Stéfanie von Hlatky est détentrice de la Chaire de recherche du Canada sur le genre, la sécurité, et les forces armées, professeure titulaire au département d’études politiques de l’Université Queen’s et Fellow avec la Fondation Pierre Elliott Trudeau. Elle a obtenu son doctorat en science politique à l’Université de Montréal (2010), où elle a été directrice du Centre d’études sur la paix et la sécurité internationale (CEPSI). Avant de se joindre à Queen’s, elle travaillé à la Georgetown University, au Woodrow Wilson International Center for Scholars, au Dartmouth College, à l’ETH Zurich et elle a été titulaire de la Fulbright Visiting Research Chair au Centre for Public Diplomacy de la University of Southern California. Elle a publié dans les revues suivantes: Canadian Journal of Political Science, Canadian Foreign Policy Journal, International Journal, European Security, Asian Security, Contemporary Security Policy, International Politics, the Journal of Strategic Studies, the Journal of Global Security Studies et Journal of Transatlantic Studies. Elle a publié deux livres avec Oxford University Press: American Allies in Times of War: The Great Asymmetry (2013), et Deploying Feminism: The Role of NATO in Military Operations (2022). Elle a aussi publié cinq ouvrages collectifs, dont The Future of US Extended Deterrence, co-dirigé avec Andreas Wenger (Georgetown University Press, 2015) et Total Defence Forces in the Twenty-First Century, co-dirigé avec Joakim Berndtsson et Irina Goldenberg (McGill-Queen’s University Press, 2023).
Heidi Hardt (University of California, Irvine USA):
Heidi Hardt est professeure agrégée de science politique à l’Université de Californie, Irvine, membre supérieure au Atlantic Council, et membre supérieure au Council on Strategic Risks. Ses recherches portent sur l’OTAN, la sécurité européenne, la politique de l’Alliance, les changements dans les organisations internationales, les opérations militaires, la gestion de crises, les études de genre et la securite climatique. En tant qu’une Council on Foreign Relations International Affairs Fellow, elle a travaillé pour un sénateur et une représentante de la Chambre des représentants. Elle est l’auteure de deux livres: NATO’s Lessons in Crisis: Institutional Memory in International Organization (Oxford University Press, 2018) et de Time to React: The Efficiency of International Organizations in Crisis Response (Oxford University Press, 2014). Ses recherches ont été publiées dans les revues Journal of Politics, Global Governance, International Politics, Review of International Organizations, PS: Political Science & Politics, Journal of Global Security Studies, Contemporary Security Policy, European Security et African Security. Elle a reçu des subventions du National Science Foundation, de la Fulbright Commission, de l’American Political Science Association et du NATO Science for Peace and Security (SPS).
Amélie Zima (IFRI, France) :
Amélie Zima est chercheuse au Centre des Études de sécurité de l’Ifri, responsable du programme sécurité européenne et transatlantique. Docteure en science politique de l’Université Paris-Nanterre, sa thèse a porté sur le premier élargissement post-guerre froide de l’OTAN et a reçu le premier prix de thèse de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Ses travaux portent principalement sur l’OTAN et le système politique polonais. Amélie Zima a été chercheuse associée au Cefres de Prague (Centre français de recherches en science sociales), à l’Institut d’études politiques de l’Académie polonaise des sciences (ISP-PAN) et chercheuse postdoctorale au Centre de civilisation française de l’Université de Varsovie ainsi qu’au Centre Thucydide (Université Panthéon-Assas). Elle a enseigné la science politique et les relations internationales dans les Universités Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris-Nanterre et à SciencesPo. Elle publie en 2021, mis à jour en 2023, « L’OTAN » dans la collection « Que Sais-je ? ». En 2022, elle écrit « Quel rôle pour une alliance territoriale défensive en cas de conflit? L'OTAN et la guerre en Ukraine» dans Etudes internationales. Récemment, en février 2025, Amélie Zima étudie, avec Léo Péria-Peigné, les capacités de l’armée Polonaise à travers le Focus de l’Ifri intitulé « Pologne première armée d'Europe en 2035? Perspectives et limites du réarmement ».