Séminaire sur la Facilité européenne pour la Paix (FEP)

Le 9 juin, l’IRSEM organisait un séminaire sur la Facilité européenne pour la Paix, piloté par Amélie Zima, chercheuse Sécurité européenne. Ce séminaire réunissait des praticiens et des chercheurs spécialistes des affaires européennes et des questions d’armement.

30
Jun

Le 9 juin, l’IRSEM organisait un séminaire sur la Facilité européenne pour la Paix, piloté par Amélie Zima, chercheuse Sécurité européenne. Ce séminaire réunissait des praticiens et des chercheurs spécialistes des affaires européennes et des questions d’armement : Lucie Béraud-Sudreau, directrice de programme au Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), Adrien Frier, conseiller aux affaires stratégiques au cabinet de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Pierre Haroche, maître de conférences à Queen Mary University et Yohann Michel, chercheur à l’International Institute for Strategic Studies (IISS).

 

Les différentes interventions ont souligné l’évolution de la FEP, instrument extrabudgétaire initialement créé pour former des armées, principalement en Afrique, mais non pour acheter des armes. Ce manquement a facilité la pénétration de la présence russe en Afrique par le biais de la vente d’armes, notamment en Centrafrique. La question de la fourniture des équipements aux armées formées par l’UE a été porté par le Service européen pour l’action extérieure. Le SEAE y voyait un moyen de concurrencer institutionnellement la Commission européenne qui lançait le Fonds européen de défense mais aussi d’assurer une certaine cohérence aux politiques de l’UE en étant présent à toutes les étapes de la formation, des exercices militaires à l’armement. Les panélistes ont rappelé l’utilité de la Facilité européenne pour la paix en raison de sa flexibilité et son caractère évolutif ainsi que de sa possible utilisation comme garantie de sécurité pour l’Ukraine et comme outil de signalement stratégique vis-à-vis de la Russie. Les communications ont aussi présenté le défi pour l’armée ukrainienne de recevoir des armes n’ayant pas les mêmes standards et la difficulté pour les troupes ukrainiennes de combattre tout en se formant sur le matériel envoyé via la FEP. Les intervenants ont aussi souligné l’absence de pertinence de la distinction entre arme létale et non-létale étant donné que des équipements non-létaux peuvent s’avérer décisifs pour permettre la progression des armées. La question budgétaire a été également analysée en montrant la difficulté à saisir les dépenses engagées et les remboursements demandés par les Etats-membres de l’UE, certains n’ayant pas de ligne budgétaire clairement à la FEP ce qui créé un manque de transparence préjudiciable. Enfin, les interventions ont souligné l’importance des transferts effectués par les Etats-membres de l’UE, dont la totalité équivaut aux dépenses engagés par les Etats-Unis et n’est surpassée que par ceux mis en place par la Grande-Bretagne. Ce constat invite à nuancer l'image généralement répandue d'un rôle central de l'OTAN dans la guerre en Ukraine alors même que cette organisation est bien moins active puisque l’Union européenne, outre la FEP, est en première ligne via sa politique commerciale pour la mise en place de sanctions et via ses politiques d'aides pour l'accueil des réfugiés ukrainiens.