À la veille de l’invasion de l’Ukraine, Xi Jinping et Vladimir Poutine annonçaient le caractère désormais « sans limite » du partenariat stratégique sino-russe. La question de la nature de leur relation – une alliance en devenir ou un mariage de circonstance – se pose de nouveau alors que l’ordre international semble durablement bouleversé. L’analyse de leurs politiques respectives et de leur coopération concrète dans une région aussi stratégique que la Méditerranée constitue à cet égard un indicateur pertinent.
La mise en regard des stratégies russe et chinoise en Méditerranée dans les domaines militaire, économique et politique laisse apparaître leur propension à agir parallèlement, sans entraver leurs visées respectives. La Russie s’est imposée dans la région méditerranéenne en prenant des initiatives risquées et en y déployant des moyens militaires et navals, tout en défendant ses intérêts économiques. La Chine s’y est fait une place en misant sur son expansion économique, à travers ses échanges commerciaux et des investissements dans des entreprises stratégiques et des infrastructures de transport, tout en développant des capacités sécuritaires et policières.
À en juger par leurs stratégies dans la région de la Méditerranée, l’heure semble plutôt à la mise en œuvre – et à la mise en scène – d’un alignement de principe entre Moscou et Pékin visant à en évincer les Occidentaux et non à l’émergence d’une alliance militaire.
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