Le nationalisme américain face aux défis transnationaux / US nationalism in the face of transnational challenges

Thursday 12 June 2025

Le nationalisme américain face aux défis transnationaux / US nationalism in the face of transnational challenges

 

12 juin 2025, Université Sorbonne Nouvelle

10h30 - 17h30

 

Inscription par mail :

come.lecossais@irsem.fr

jean-baptiste.velut@sorbonne-nouvelle.fr

 

 

 

Résumé - La résurgence du nationalisme américain dans une économie globalisée jadis portée par les États-Unis interroge le nouveau rapport de la puissance américaine avec le reste du monde. D’aucuns envisagent ce repli à la fois comme un symptôme et comme un vecteur de la fragmentation de l’ordre libéral international. D’autres interprètent ce renouveau des discours et des actions politiques au nom de la souveraineté et de la sécurité nationales comme une oscillation cyclique entre isolationnisme et internationalisme. 

 

Ce phénomène ne peut cependant être pleinement compris sans interroger ses connexions profondes avec le populisme et le complotisme, deux courants idéologiques qui accompagnent et structurent souvent le nationalisme contemporain. Aux États-Unis, le populisme – défini comme un discours qui oppose un "peuple pur" à une "élite corrompue" (Mudde & Rovira Kaltwasser, 2017) – a été fortement mobilisé pour légitimer une rhétorique nationaliste qui se présente comme défenseuse des intérêts "authentiques" du peuple américain contre des élites globalisées ou des institutions multilatérales perçues comme aliénantes. Ce glissement s’est doublé d’un enracinement du complotisme, c’est-à-dire d’une vision du monde structurée par l’idée que des forces cachées manipulent les affaires publiques, ce qui alimente une méfiance généralisée envers les médias, les experts, les institutions scientifiques et l’État lui-même (Butter, 2020). 

 

Le populisme et le complotisme fonctionnent dès lors comme des catalyseurs discursifs et politiques du nationalisme, en accentuant la polarisation de l’espace public et en disqualifiant les formes traditionnelles de médiation démocratique. Le succès des théories conspirationnistes comme QAnon ou les discours sur le "deep state" pendant et après la présidence Trump illustre à quel point ces récits deviennent structurants pour une partie significative de la droite nationaliste américaine (Ball, 2022 ; Berlet & Lyons, 2000). 

 

Ce colloque international se propose d’analyser les ressorts, les tensions internes et les conséquences du nationalisme américain face à une série de crises et défis intrinsèquement transnationaux comme l’immigration, la crise climatique et la compétition de puissances économiques et militaires. Au-delà de la réélection de Donald Trump, il s’agit premièrement de déconstruire le nationalisme et de comprendre ses racines idéologiques aux États-Unis et ailleurs, en interrogeant le rôle attribué à l’État fédéral dans l’économie, la société mais aussi dans son rapport au système international. Si plusieurs facteurs – compétition de puissances, spectre d’une nouvelle présidence impériale – semblent augurer d’un renforcement du pouvoir fédéral, d’autres éléments centraux du programme de l’administration Trump, comme la déréglementation ou la promesse de coupes budgétaires, pointent au contraire vers une réduction historique du pouvoir fédéral. 

 

Le deuxième objectif scientifique est de cartographier les réseaux politiques d’extrême droite, d’évaluer leur influence nationale et transnationale dans la promotion de l’idéologie nationaliste aux États-Unis et ailleurs. Il s'agira notamment d’évaluer comment ces réseaux exploitent les dynamiques populistes et conspirationnistes pour diffuser une vision souverainiste du monde. Le troisième objectif de ce colloque est de comprendre les ramifications politiques de cette poussée nationaliste et leur impact sur le reste du monde : l’évolution et la transposition des débats sur l’immigration aux États-Unis et en Europe ; l’articulation de nouvelles politiques industrielles et commerciales à même détourner les flux de commerce et d’investissement ; le développement de nouvelles politiques énergétiques aux niveaux international, national, régional et local susceptibles d’impacter le rythme de la transition énergétique à l’échelle mondiale.