La Chine en Afrique : des « diplomaties » alternatives pour de nouveaux enjeux sécuritaires

Wednesday 28 May 2025

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La Chine en Afrique : des « diplomaties » alternatives pour de nouveaux enjeux sécuritaires

Table ronde

 28 mai 2025

8h30-13h Amphi De Bourcet (École militaire)

 

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La Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique depuis 15 ans : en 2024, leurs échanges s’élevaient à 295 milliards de dollars US. Cet essor continu des relations sino-africaines depuis maintenant plus de trois décennies a considérablement augmenté l’empreinte de la Chine sur le continent, forgeant des « diplomaties » alternatives. Cette présence, insérée aujourd’hui dans le projet des Routes de la soie, se manifeste avant tout dans le domaine économique, mais aussi ceux de la santé et de l’information. Parallèlement, plus la Chine s’implante en Afrique, plus ses autorités sont confrontées à de nouveaux défis sécuritaires, pour lesquels elles tentent de construire une architecture préservant ses intérêts. Cette table ronde, répartie en deux panels, se propose d’analyser ces « diplomaties » alternatives et les enjeux sécuritaires qui lui sont liés.

 

Panel 1 : Des « diplomaties » alternatives (9h-10h30)

Discutant : Alexandre Lauret

 

(CBA) Artus HUON de KERMADEC : L’imbrication des économies africaines et chinoise.

Résumé : La Chine est aujourd’hui le premier acteur économique en Afrique. Avec un narratif qui se veut vertueux pour les partenaires africains, tournée vers le Sud Global, elle développe des leviers de puissances sans commune mesure. L’imbrication est telle qu’elle semble aujourd’hui irremplaçable sur le continent de demain. L’objectif de cette présentation est de revenir sur ces imbrications économiques et d’observer la position de la France face à ces nouveaux partenariats.

Bio : Le Chef de bataillon Artus HUON de KERMADEC est affecté au centre de planification et des conduites des opérations (CPCO) au sein de l’État-major des armées.

 

Xavier AUREGAN : La santé : d’une proto-diplomatie à un axe stratégique de la politique extérieure chinoise en Afrique

Résumé : Chronologiquement mais non pas politiquement, la santé a été le premier domaine d’intervention chinois en Afrique. Précédant l’agriculture ou la défense, elle se matérialise, dès 1963, par la mission médicale de Saïda (Algérie). L’intérêt du régime chinois pour la diplomatie sanitaire ne s’est, depuis, pas atténué, bien au contraire. Les modalités d’intervention se sont diversifiées et intensifiées (infrastructures, recherche, partenariats, formations, commerce) avec, comme point d’orgue, le rôle chinois durant la pandémie de Covid-19.

 

Bio : Xavier AUREGAN est enseignant-chercheur à l’Institut catholique de Lille et associé à l’IFG-Lab ainsi qu'au Conseil québécois d’études géopolitiques.

 

Selma MIHOUBI : « L’influence informationnelle de la Chine en Afrique francophone : le récit comme arme »

Résumé : Les médias chinois en Afrique francophone ont pour objectif de « bien raconter l’histoire de la Chine ». À travers cette phrase, le dirigeant Xi Jinping révèle la conception chinoise de l’influence informationnelle : contrôler les récits pour soutenir les intérêts géopolitiques du Parti communiste chinois (PCC). Derrière le soft power, l’implantation des médias contrôlés par Pékin en Afrique francophone sert un projet d’influence économique et sécuritaire. Par le biais de manœuvres informationnelles et la fabrique de récits, la Chine construit son image de puissance tout en menaçant les intérêts de ses concurrents en Afrique, la France en première ligne.

 

Bio : Docteure en Géographie, politique, culturelle et historique de l’Institut de Géographie (Sorbonne Université-Paris IV), Selma Mihoubi est spécialiste des questions de Géopolitique des médias. Elle a notamment publié des travaux sur l’influence informationnelle de la Chine en Afrique francophone et mène des activités de recherche auprès du laboratoire Médiations (Sorbonne Université). En parallèle, elle est consultante en Géopolitique spécialiste des manipulations de l’information pour des acteurs institutionnels et privés.

 

Pause-café (10h30-11h)

 

Panel 2 : Pour de nouveaux enjeux sécuritaires (11h-12h30)

Discutant : Mathieu Mérino

 

Quentin COUVREUR : « La Chine et le maintien de la paix en Afrique : un activisme prudent à l'ONU »

Résumé : Principal pays contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix des Nations unies parmi les membres permanents du Conseil de sécurité, la Chine s’est progressivement engagée, au cours de la dernière décennie, sur plusieurs théâtres africains, notamment au Soudan du Sud et au Mali. Au sein des instances onusiennes, Pékin fait preuve d’un activisme prudent, visant en partie à s’attirer le soutien des pays du Sud global. La Chine se pose par exemple en défenseuse scrupuleuse du principe de consentement de l’État hôte et s’investit désormais dans les questions relatives à la sécurité des casques bleus. Néanmoins, cet engagement ne va pas sans contradictions, en particulier sur les questions financières. 

 

Bio : Quentin Couvreur est doctorant en science politique au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po prépare une thèse sur la diplomatie chinoise aux Nations Unies. Il est membre du Groupe de recherche sur l’action multilatérale (GDR GRAM)

 

Carine PINA : « L’implication des forces de sécurité chinoises pour la protection des intérêts de la Chine en Afrique »

Résumé : La Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique depuis 15 ans et en 2024 leurs échanges s’élevaient à 295 milliards de dollars US. Cet essor continu des relations sino- a considérablement augmenté l’empreinte de la Chine sur le continent, avec environ 2 millions de ressortissants chinois installés en Afrique, y compris dans des zones très instables. Dans les discours politiques comme dans les cercles diplomatiques et académiques, la protection des intérêts chinois à l’étranger est devenue une préoccupation majeure de la Chine. Comment Pékin tente-t-elle de faire face à cet enjeu sécuritaire ? Diplomatie militaire, Opérations Militaires autre que la Guerre, coopérations policières, associations de moyens civils et sécuritaires sont autant de pièces du puzzle sécuritaire chinois qui implique la projection de ses forces de sécurité sur le continent africain au risque de malmener son principe de non-ingérence.

 

Bio : Carine Pina est chercheure Chine-Monde chinois à l’IRSEM. Elle travaille sur les relations internationales de la Chine, particulièrement au prisme des politiques chinoises à l’égard de ses diasporas. 

 

Simon MENET: « ESSD chinoises en Afrique : un modèle alternatif pour la protection des intérêts chinois à l’étranger »

Résumé : Malgré leur internationalisation relativement tardive, les entreprises de services de sécurité et de défense (ESSD) chinoises occupent une place croissante en Afrique, avec une présence dans pas moins de 30 pays. Ces entreprises jouent un rôle central dans la protection des projets et ressortissants chinois sur le continent. Leur proximité avec l’appareil étatique et leur modèle hybride en fait également des relais privilégiés pour la diplomatie sécuritaire de Pékin sur le continent.

 

Bio : Simon Menet est chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et responsable du Programme Taïwan sur la sécurité et la diplomatie. Ses travaux se concentrent sur les questions sécuritaires et stratégiques en lien avec la Chine. En parallèle de ses activités à la FRS, il prépare une thèse de doctorat en science politique à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Inalco), sous la direction de Delphine Allès et Jean-François Huchet. Sa recherche doctorale porte sur l’internationalisation du modèle sécuritaire chinois. Il est également chargé d’enseignement à l’Institut Catholique de Paris (ICP), où il dispense le cours « Géopolitique de Taïwan » en Master 2 Géopolitique et Sécurité internationale. Avant de rejoindre la FRS, Simon a travaillé au Center for Advanced Defense Studies (C4ADS). Il est diplômé du King’s College London (MSc) et de l’Université Jean Moulin-Lyon 3 (MSc, BA). Il a également étudié le chinois mandarin à la National Taiwan University.