Qui êtes-vous ? Racontez-nous votre parcours…
Après un Master de science politique obtenu à l’Université de Bordeaux, j’ai décidé d’entreprendre en septembre 2013, au sein du même établissement, une thèse de doctorat en science politique. Ma thèse, dont la soutenance a eu lieu en novembre 2018, avait pour titre exact : « Est-il l’un des leurs ? Francis Fukuyama et le néoconservatisme américain », et m’a permis de remporter le Prix de thèse de l’Université de Bordeaux en 2019. Empruntant à la théorie politique, à l’histoire des idées politiques ainsi qu’aux relations internationales, elle visait à questionner la place de la pensée de Francis Fukuyama au sein du courant néoconservateur états-unien. Durant mes cinq années de thèse, j’ai eu la chance de bénéficier successivement d’un contrat doctoral puis d’un contrat d’attaché temporaire d’enseignement et de recherche (ATER), me permettant de dispenser une multitude d’enseignements. J’ai par la suite pu obtenir deux contrats postdoctoraux. Tout d’abord, en 2019/2020, j’ai été postdoctorant « ambassadeur », dans le cadre des allocations postdoctorales « relations internationales et stratégie » de la DGRIS et été, pendant un an, chercheur invité au sein du Center for Global Peace and Conflict Studies de l’University of California, Irvine. Ma deuxième expérience postdoctorale a débuté en octobre 2020 : je suis, depuis cette date et pour l’année 2020/2021, postdoctorant « résident » de l’IRSEM.
Quels sont vos axes de recherche actuellement ? Où peut-on vous lire ?
L’étude de la pensée de Francis Fukuyama et de l’idéologie néoconservatrice, durant mon travail doctoral, m’a conduit à analyser l’impact des technosciences contemporaines sur la nature humaine et, par conséquent, la thématique de l’homme augmenté prise au sens large. Francis Fukuyama est d’ailleurs considéré, aujourd’hui, comme l’un des représentants « phares » du bioconservatisme, courant très fortement opposé au transhumanisme. Ces thèmes m’ont progressivement rapproché du concept de soldat augmenté, qui est au cœur de mes recherches postdoctorales depuis 2019. Je travaille ainsi, aujourd’hui, sur cette thématique complexe de l’augmentation au sein des forces armées, et cherche plus particulièrement à en mesurer les enjeux, notamment sur le plan éthique, pour les puissances démocratiques. À ce titre, si j’accorde une attention spécifique au cas américain, notamment depuis mon postdoctorat effectué en Californie, je m’intéresse plus largement, en particulier depuis mon arrivée à l’IRSEM, à la situation des démocraties contemporaines. Plusieurs de mes travaux sur la question sont d’ailleurs directement accessibles sur le site de l’institut. En parallèle, je poursuis mes recherches sur Francis Fukuyama, le néoconservatisme et plus largement, la politique étrangère américaine. L’un de mes derniers articles, pour la revue Politique américaine, vise par exemple à analyser la critique des néoconservateurs de Donald Trump.
Pourquoi avoir choisi la « recherche » ? Comment percevez-vous votre rôle de chercheur ?
J’ai toujours eu un attrait pour l’analyse des grands concepts théoriques et la recherche de leurs tenants idéologiques. C’est d’ailleurs à partir de l’étude de la théorie de « la fin de l’histoire » et de la rhétorique de l’universalisme démocratique que je me suis intéressé à l’ensemble de la pensée de Francis Fukuyama et à l’idéologie néoconservatrice. Même chose pour le transhumanisme, puisque ce sont avant tout les réflexions sur l’augmentation humaine qui m’ont amené à l’étude de ce courant controversé. À ce titre, j’éprouve un intérêt particulier pour l’analyse des débats et controverses idéologiques. Beaucoup de concepts sont aujourd’hui souvent simplifiés voire caricaturés. La recherche permet, entre autres, de les « déchiffrer » et d’en faire ressortir la substance sans éluder leurs limites et, dans une démarche critique, leurs différentes implications. Elle est donc l’un des moyens de saisir la complexité du monde qui nous entoure et les différentes logiques qui peuvent animer nos sociétés. La curiosité apparaît de fait, indéniablement, comme l’un des facteurs m’ayant conduit vers la recherche. En tant que chercheur, j’essaie de partager les réflexions engagées sur des thématiques particulières, qui concernent d’ailleurs le plus souvent nos démocraties, dans leur sphère interne comme à l’international. Ainsi, je me fixe pour objectif de participer, par le biais de mes recherches, aux débats d’idées sur des sujets qui, directement ou indirectement, nous concernent finalement tous.