3 questions à... Juliette Genevaz

 Juliette qui êtes-vous ? Racontez-nous votre parcours…

Je suis une politiste spécialiste de la Chine contemporaine. C’est au Royaume-Uni que je me suis formée à ces deux disciplines, la politique comparée et l’étude de la Chine contemporaine, dans sa langue, le chinois.

Avant de devenir chercheur à l’IRSEM, j’ai étudié et travaillé sur la Chine pendant 10 ans à l’étranger, dont trois années en Chine. J’ai ainsi assisté, depuis plusieurs points de vue différents, notamment depuis le Royaume-Uni et l’Allemagne, à la transformation de la Chine en première puissance économique mondiale en termes de parité de pouvoir d’achat.

J’ai enseigné à Oxford, à Cambridge et aujourd’hui à l’Inalco et travaillé dans deux think tanks, l’Ifri à Paris et la Stiftung Wissenschaft und Politik à Berlin.

 

Quels sont vos axes de recherche actuellement ?
Où peut-on vous lire ?

J’ai deux axes de recherche. Le premier est le rapport entre le parti au pouvoir et l’armée dans l’Etat chinois depuis le milieu des années 1980. J’ai écrit deux articles sur ce thème qui était l’objet de mes recherches de doctorat (Political indoctrination in the Chinese military: Towards a post-revolutionary People’s Liberation Army et Defense Education in Chinese Universities: Drilling Elite Youth).

Deuxièmement, je m’intéresse à la nouvelle place de la Chine dans notre monde instable. Depuis l’avènement de Xi Jinping au pouvoir, le style de la politique étrangère chinoise a changé : il ne s’agit plus de faire profil bas, attitude qui était celle du parti communiste chinois (PCC) depuis les années 1980, mais de contribuer à façonner l’orientation des échanges au niveau mondial. Je m’intéresse notamment aux chantiers des grandes entreprises d’Etat chinoises en Afrique dans le cadre des nouvelles routes de la soie.

 

Pourquoi avoir choisi la « recherche » ?
Comment percevez-vous votre rôle de chercheur ?

Je n’ai pas tant “choisi la recherche” que je ne me suis prise de passion pour la Chine contemporaine. J’ai choisi la Chine d’abord pour sa langue : je voulais comprendre comment on pense avec des caractères qui figurent une idée, plutôt qu’avec un alphabet.

J’ai ensuite choisi la Chine pour l’incroyable transformation qu’elle opère depuis 40 ans.  Cette transformation fut d’abord intérieure : en une génération (la mienne !), la société marquée par la période communiste s’est libéralisée en promouvant l’investissement étranger. Aujourd’hui, c’est la Chine qui investit en Europe et dans le monde, entraînant une transformation de l’orientation des échanges mondiaux. Mon rôle est de donner une lecture avertie, nourrie de sources en langue originale, des dynamiques politiques d’un pays qui accueille 1/5 de la population mondiale.