L'IRSEM, l'IRIS, la FRS et WIIS France ont formalisé leur engagement en faveur de la mixité.

Le jeudi 16 mars a eu lieu la conférence « Quelle place pour les femmes dans l’expertise stratégique ? ».

23
Mar

Le 16 Mars s’est tenue à l’École militaire une conférence autour de la question « quelle place pour les femmes dans l’expertise stratégique ? » co-organisée par l’IRSEM en association avec la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS),  l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), et Women In International Security France (WIIS). L’IRSEM souhaitait ainsi engager une discussion collective et rappeler son engagement en faveur de l’égalité femmes-hommes. Comme l’a rappelé Marjorie Vanbaelinghem (Directrice de l’IRSEM) en introduisant la conférence, la parité ne pourra être atteinte qu’avec un investissement plus résolu de la part des acteurs du secteur, le temps seul ne pouvant régler les déséquilibres existants. En ce sens, l’IRSEM s’engage à imposer la mixité systématique dans les événements qu’il organise, accroître la représentation des femmes dans la communication de l’institut, porter une attention particulière à la parité dans les processus de recrutement et encourager les jeunes femmes à s’approprier des secteurs aujourd’hui peu féminisés, comme celui de la défense. 

La première table ronde était modérée par la capitaine et docteure Camille Trotoux (IRSEM) et visait à faire l’état des lieux de la féminisation dans le champ de l’expertise stratégique. Jean Belin, directeur de la Chaire Économie de Défense de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) a présenté les inégalités qui persistent dans le milieu académique et les facteurs structurels qui peuvent les expliquer. Nathalie Pilhes, actuellement déléguée au plan national onusien « Femmes, paix et sécurité », a partagé son expérience dans la sphère publique depuis son entrée dans le monde du travail en 1989. Enfin, Delphine O, ambassadrice et secrétaire générale du Forum Génération Égalité, a discuté des avantages d’avoir davantage de femmes dans les conseils d’administration et les postes de direction, à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé. Il ressort de cet échange qu'il y a peu d’évolutions en matière de parité dans les postes de direction. Pour Madame Pilhes, le pouvoir de décision au sein des ministères des Armées et de l’Intérieur, comme dans bon nombre de services interministériels, reste aux mains des hommes. Un constat similaire est dressé dans les think tanks et le monde universitaire, et ce, en dépit d’efforts réels de féminisation dans d’autres secteurs. Les questions de défense et de sécurité sont encore bien souvent l'apanage des hommes. Pourtant, comme l’a rappelé Delphine O, ambassadrice et secrétaire générale du Forum Génération Égalité, la parité est essentielle non seulement parce qu'elle répond à une nécessité démocratique, mais aussi parce qu'elle est vectrice de performance économique et de richesse scientifique.

La deuxième table ronde portait sur la visibilité et le rôle des expertes et chercheuses dans les cercles de réflexion, les enceintes internationales et les médias. Héloïse Fayet, membre du Conseil d’administration de WIIS France, modérait la discussion entre Marie-Cécile Naves (sociologue et politiste, directrice de recherche et directrice de l’Observatoire Genre et Géopolitique de l’IRIS) et Anna Mélin (cheffe de Projet, Les Expertes). Les discussions ont d’abord porté sur les freins à la parole des expertes dans l’espace public, sujet sur lequel Madame Naves a noté un « énorme progrès depuis dix ans ». Les invitées ont en effet salué la féminisation progressive des débats politiques, géopolitiques et économiques dans les médias, des thématiques pourtant traditionnellement considérées comme « masculines ». Pour autant, les derniers chiffres de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) sur la représentation des femmes à la télévision et à la radio révèlent que les expertes sont toujours minoritaires dans les trois thématiques les plus traitées, à commencer par l’international (62% d’experts hommes) et les questions de société  (57% d’hommes). Pour l’expliquer, Héloïse Fayet rappelle que l’arène de discussion n’est pas toujours accueillante pour les femmes. De plus, les conditions du débat démocratique se sont dégradées ces dernières années sous l’effet d’un « modèle économique du clash » qui pousse parfois les invités à couper la parole et crier. Ainsi, pour gagner en assurance, Anna Mélin conseille aux femmes qui cherchent à s’affirmer le media training. Marie-Cécile Naves décrit quant à elle un double mouvement : les femmes « osent » prendre plus de place que ce qui leur est traditionnellement accordé, poussant ceux qui jouissaient de l’exclusivité de l’expertise à partager l’espace du débat. Il ressort des discussions que si la parole des femmes progresse dans toutes les arènes de discussions, la société doit rester vigilante et contrer toute tentative de retour en arrière. 

En fin de journée, Mme Sarah El Haïry, Secrétaire d’État à la Jeunesse et au Service national universel a pris la parole pour clôturer la conférence. Madame El Haïry a reconnu que les femmes n’étaient pas suffisamment représentées dans le milieu de la défense et de la recherche et moins visibles en tant qu’expertes que leurs homologues masculins. Néanmoins, elle a réaffirmé la « volonté profonde de changement » de la part du gouvernement et salué les efforts menés par l’IRSEM et ses partenaires pour faire reconnaître l’expertise des femmes.

 

Retrouvez les engagements de l'IRSEM ici 

 

Patchwork conférence 16/03/23

 

 

 

 

Chercheur(s) associés à cette actualité

CNE Camille TROTOUX

Chercheur Sociologie militaire