Les Champs de Mars : appel à la contribution

Appel à la contribution pour le prochain numéro spécial de la revue « Les Champs de Mars », consacré à la thématique des armes nucléaires. Vous avez jusqu’au 15 octobre pour participer.

29
Sep

La revue Les Champs de Mars (IRSEM/Presses de Sciences Po), en collaboration avec le groupe « Politique internationale et armes nucléaires » de l’Association pour les études sur la guerre et la stratégie, consacre en 2023 un numéro spécial à la thématique des armes nucléaires, destiné à offrir aux lecteurs un point de situation sur la relation entre les armes nucléaires et la sécurité internationale ainsi qu’un état des lieux de la recherche sur ces questions. Ainsi, les chercheurs confirmés mais aussi les jeunes chercheurs sont invités à proposer une contribution quelle que soit leur discipline. L’objectif des responsables scientifiques est de favoriser la diversité des approches sur un sujet souvent considéré comme l’apanage des études stratégiques.

Trois axes ont été identifiés pour guider les propositions.

Le premier sur « les guerres et la paix nucléaires » peut être investi dans au moins deux directions. D’une part, il invite à une réflexion stratégique renouvelée sur le rôle des armes nucléaires pour la sécurité internationale. Il s’agit de repenser un certain nombre de concepts classiques, comme le paradoxe stabilité-instabilité, les risques d’escalade et, plus généralement, les conditions de la stabilité stratégique dans un contexte de multipolarité nucléaire. Certains développements capacitaires ou technologiques sont souvent décrits comme susceptibles de modifier les équilibres qui prévalaient jusqu’alors (interrogations sur le seuil d’emploi de l’arme nucléaire, question de la relation offense/défense). Enfin, on pourra se pencher sur l’évolution du rôle de l’arme nucléaire dans les doctrines, ainsi que celle de sa place dans les relations internationales, éventuellement à travers des études de cas.

D’autre part, cet axe a été pensé pour ouvrir aussi la possibilité des approches critiques, notamment féministes, et d’analyses constructivistes pour revenir sur l’arme nucléaire en tant que construit social. Le cas échéant, sur ces approches parfois moins connues en France, un état de l’art peut être proposé afin de permettre de rendre certains sujets plus visibles et de stimuler la recherche.

Le deuxième axe s’intéresse aux armes nucléaires en démocratie. Il a vocation à accueillir des contributions juridiques ou historiques sur la dissuasion, mais également sociologiques, portant par exemple sur les armes nucléaires dans l’espace public. Une attention particulière pourrait être apportée aux différents processus de décision et à leurs acteurs, éventuellement dans une dimension comparatiste. Par décisions, on entend non seulement celles qui concernent les évolutions liées à la dissuasion sur le plan des capacités ou de la doctrine, mais aussi toute l’instruction de la position des États dans les enceintes multilatérales. Par ailleurs, les mouvements antinucléaires constituent un objet particulièrement fécond, que ce soit dans une dimension transnationale ou locale, en termes de trajectoires militantes ou de ressorts de mobilisation.

Le troisième axe entend favoriser la réflexion sur les questions relatives à la non-prolifération, à la maîtrise des armements et au désarmement. Bien que liés au premier axe, ces sujets doivent également être traités à part. Le constat d’un délitement de l’architecture de maîtrise des armements est établi. Sa reconstruction est généralement considérée comme nécessaire, mais peut-être pas par les États possédant les armements qu’il est jugé utile de réguler. Le traité New START a été prorogé pour cinq ans. La question de sa succession est posée. Là encore, des analyses stratégiques sont attendues, mais d’autres approches peuvent être adoptées. On peut penser à l’observation des enceintes onusiennes, en particulier le processus d’examen du traité sur la non-prolifération dont une échéance majeure a été reportée plusieurs fois en raison de la pandémie de COVID-19.

Ces trois axes sont donnés à titre indicatif. L’objectif de ce numéro spécial étant de permettre un état des lieux de la recherche, la diversité des approches est privilégiée. La sélection tiendra compte prioritairement des cadres théoriques et des dispositifs méthodologiques utilisés plutôt que des objets de recherche.

Chaque proposition ne devra pas excéder 5 000 signes et indiquera une ébauche de plan et de bibliographie. Afin de préserver l’anonymat dans le processus d’évaluation, merci d’adresser vos propositions dûment anonymisées à l’adresse suivante : champsdemars@irsem.fr.

La date limite de proposition de contribution est fixée au 15 octobre 2022. Après sélection, le retour vers les auteurs est prévu fin octobre. Les contributions rédigées (60 000 signes max. espaces compris) seront ensuite attendues au plus tard le 17 février 2023. L’ensemble des consignes aux auteurs peut être consulté sur le site de l’IRSEM : https://www.irsem.fr/publications-de-l-irsem/champs-de-mars/ consignes-aux-auteurs.html.

Vous pouvez télécharger l'appel à contribution au format PDF en cliquant ICI.


Bibliographie indicative
James M. Acton, Thomas MacDonald, Pranay Vaddi, « Reimagining Nuclear Arms Control: A Comprehensive Approach », Carnegie Endowment for International Peace, 2021, 147 p.
Corentin Brustlein, « La multipolarité nucléaire : mythes et réalités de la compétition », Politique étrangère, 85 (2), été 2020.
Carol Cohn, « Sex and Death in the Rational World of Defense Intellectuals », Signs, 12 (4), 1987, p. 687-718.
Elbridge Colby, « If You Want Peace, Prepare for Nuclear War: A Strategy for the New Great-Power Rivalry », Foreign Affairs, 2018, 97 (6), p. 25-32.
Thérèse Delpech, La dissuasion nucléaire au XXIe siècle. Comment aborder une nouvelle ère de la piraterie stratégique, Paris, Odile Jacob, 2013, 304 p.
Taylor Fravel et Evan S. Medeiros, « China’s Search for Assured Retaliation: The Evolution of Chinese Nuclear Strategy and Force Structure », Quarterly Journal: International Security, 35 (2), 2010, p. 48-87.
Benoît Pelopidas, « Repenser les choix nucléaires. La séduction de l’impossible », Paris, Presses de Sciences Po, 2022, 308 p. Nick Ritchie, « Valuing and Devaluing Nuclear Weapons », Contemporary Security Policy, 34 (1), p. 146–173.
Brad Roberts, « On Adapting Nuclear Deterrence to Reduce Nuclear Risk », Daedalus, 149 (2), 2020, p. 69-83.
Nicolas Roche, « Pourquoi la dissuasion ? », Paris, Presses universitaires de France, 2017, 545 p.
Nina Tannenwald, « The Vanishing Nuclear Taboo? How Disarmament Fell Apart », Foreign Affairs, 97 (6), 2018, p. 16-24.
Bruno Tertrais, « Principles of Nuclear Deterrence and Strategy », NDC Research Paper, 19, NATO Defence College, mai 2021, 70 p.
Pierre Vandier, « La dissuasion au troisième âge nucléaire », Paris, Éd. du Rocher, 2018, 105 p.
Jo-Ansie van Wyk, Linda Kinghorn, Hollie Hepburn, Clarence Payne et Chris Sham, « The international politics of nuclear weapons: a constructivist analysis », Scientia Militaria. South African Journal of Military Studies, 35 (1), 2007, p. 23-45. Kristin Ven Bruusgaard, « Russian Strategic Deterrence », Survival, 58 (4), 2016, p. 7-26.

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